La faculté des sciences politiques et des relations internationales d'Alger 3 a organisé, hier, une journée d'étude autour des défis et horizons relatifs au processus d'autodétermination au Sahara occidental.
Pour le recteur, le Dr Slimane Aradj, la rencontre s’est déroulée ce mois de mars pour sa forte charge symbolique. «En effet, mars est le mois de toute les victoires. Nous sommes rassemblés pour soutenir les peuples qui luttent pour leur liberté. Le peuple sahraoui est l'un d'entre eux. L'autodétermination du peuple sahraoui est inaliénable et indiscutable. Il a le droit de vivre libre et indépendant sur sa terre. Ce peuple martyrisé, subit des discriminations et de nombreuses atteintes que nous devons faire connaître sur la scène internationale».
Pour le président du Conseil national des droits de l'homme (CNDH), Abdelmadjid Zaâlani, les droits de l'homme ne sont visiblement plus mis en avant par certaines puissances lorsqu'il s'agit de protéger le peuple sahraoui. «Pire, ces dernières années nous constatons des prises de position et attitudes assez choquantes. Le droit international est de plus en plus piétiné par les grandes puissances qui font usage du chantage dans la conduite des relations internationales», a-t-il déclaré.
«La loi du plus fort devient la norme. À titre d'exemple, le changement de la position espagnole sur le dossier est une violation inacceptable du droit international», a-t-il noté, avant d'ajouter que ce retournement incroyable de veste accompagné de marchandage entame la crédibilité de la charte des Nations unies.
«Ces grandes puissances donnent un très mauvais exemple en termes de respect des droits de l'homme, un principe à géométrie variable», dit-il. L’intervenant a souligné que dans sa fuite en avant, le Premier ministre a connu de fortes oppositions au sein même de sa coalition gouvernementale et la population espagnole.
«Il ne peut avoir de règlement unilatéral au Sahara occidental. L'ONU a rappelé que le processus politique doit aboutir à la tenue, dans les plus brefs délais, d'un référendum d'autodétermination», a-t-il fait savoir avant d'ajouter que le Maroc n'a aucune souveraineté sur ce territoire et ne peut se permettre d'imposer son desiderata.
Pour le recteur de l'université Alger 3, le Pr Mokhtar Mezrag, le droit international a toujours été imposé par les plus forts et a différentes grilles de lecture selon que l'on fasse partie ou non des «damnés de la terre», au sens fanonien du terme. «Par voie de conséquence, ces damnés doivent s'unir pour imposer une lecture juste du droit international. Oui, l'union fait la force», argumente-t-il.
Pour sa part, le représentant permanent de l'Association américaine des juristes auprès de l'ONU, Gianfranco Fattorini, a indiqué, par vidéo-conférence, que le droit à disposer de soi-même est un principe fondamental de la charte des Nations unies et donc du droit international. «En octobre 1975, la Cour de justice internationale a conclu qu'aucun lien de souveraineté ne lie le royaume du Maroc au Sahara occidental». Le Maroc, a-t-il rappelé, est l'un des rares Etats qui n'ont pas ratifié la charte africaine des droits de l'homme et des peuples 40 ans après son adoption.
«Le Sahara occidental est un territoire distinct soumis à une force occupante qui est le Maroc. C'est une occupation illégale en violation avec la volonté de la population locale», a-t-il indiqué, avant d’affirmer que le régime de Rabat bloque systématiquement la tenue du référendum d'autodétermination pour empêcher la décolonisation de ce pays. Gianfranco Fattorini souligne également que les forces d'occupation marocaines utilisent des armes interdites par les conventions internationales pour commettre leurs crimes.
Pour le professeur Mahmoud Chargui, enseignant de sciences politiques et de relations internationales à Blida, le Sahara occidental est la dernière colonie d'Afrique. «Certaines puissances occidentales empêchent le règlement de ce conflit pour l’utiliser comme moyen de pression», a-t-il affirmé. Les différentes missions des Nations unies notent dans leurs rapports que le peuple sahraoui soutient, inconditionnellement, le Polisario et donc l'indépendance. Abordant l'actualité de ces derniers jours, l'intervenant dira que «les Espagnols soutenaient un référendum incluant uniquement les populations du Sahara occidental avant de changer de position suite à des pressions du régime de Rabat». Avocat et professeur à l'université de Madrid, Manuel Ollé Sesse a indiqué, quant à lui, par visioconférence, que le peuple sahraoui subit les affres du colonialisme en dépit desnombreuses résolutionsdes nations unies reconnaissent son droit à l'autodétermination. «Le pouvoir marocain a commis, selon de nombreux tribunaux espagnols, un véritable génocide car ce régime est animé par une volonté d'exterminer un peuple : tortures, détentions illégales, assassinats extrajudiciaires, y compris à l'encontre des femmes et des enfants».
Sami Kaidi